Madame V. a les yeux qui brillent lorsqu’elle nous parle des « groumètes », nous avons l’eau à la bouche… Notre rôle se limitera, par courriel, à exprimer la demande de Madame V. à un habitant du village, Marc Dewalque, boulanger à la retraite. Sa réponse, retranscrite ci-dessous, contient toute l’architecture des pains qu’il fabriquait : la recette, l’esprit de la recette, le petit détail qui tue, les variantes….et la clé de voûte, la passion. N’hésitez pas à visiter son site en cliquant ici.
RECETTE
Pour 4 personnes
INGRÉDIENTS: 750 gr. de farine d’avoine
ou 750 gr. d’un mélange de 1/2 de froment et de sarrasin
ou 750 gr. d’un mélange de flocons d’avoine pré-trempés et d’un peu de farine de froment
35 dl. d’eau
10 gr. de sel
250 gr. de lard gras, c’est déjà pour une riche « groumète », cette quantité. Le lard sera fumé ou non-fumé suivant les goûts.
Il est possible de ne mettre que du saindoux, on en trouve encore facilement du bon à Montjoie dans les commerces.
FACULTATIF (c’est à dire au goût de chacun, et version enrichie de la recette originale)
100gr. d’oignons hachés fins
du lait à la place de l’eau (où un mélange eau/lait)
1 à 2 oeufs
MÉTHODE
Faire cuire l’eau et le sel et éventuellement les oignons
Dans les bouillonnements de l’eau qui cuit, « semer » doucement la farine.
Arrêter de « semer » quand la louche tient droite dans le récipient.
Faire fondre le lard et vider graisse fondue et crêtons sur le mélange.
L’ESPRIT DANS LEQUEL EST PENSÉ LA RECETTE
Il faut essayer d’obtenir de nos jours , ce que l’on aurait appelé autrefois, une plantureuse et riche « groumète ».
Si ce plat représentait la fête à table pour nos ancêtres, aujourd’hui on le rechercherait plus pour son authenticité, voire sa rusticité, c’est pour cette raison que le choix d’une farine ou mélange de farine est important, la qualité et la quantité de lard aussi.
C.U.F.D.P.D.Q.F.U.B.R. (= C’EST UNE FOULE DE PETITS DÉTAILS QUI FONT UNE BONNE RECETTE)
Chercher de la farine d’avoine, c’est celle qui convient le mieux (parce que généralement légèrement toastée), comme cela devient difficile à trouver dans le commerce, les propositions de mélange vu à ingrédients pourront donner le goût « terroir » à votre groumette.
Les ardennais du Luxembourg intègrent des oignons dans leur « groumote ». Pour eux, les oignons c’est la sauce des « groumettes ».
De notre côté, on disait plutôt que le graisse (le lard fondu), c’est l’âme des groumettes ». « Po fé dès bonès groumètes, i fâ ku lu pourcê bagne duvins », soit; « Pour faire des bonnes groumettes, il faut que le porc (lisez le lard) baigne dedans ».
Autrefois, les convives se dépêchaient d’arriver au fond du plat où toute la famille puisait, c’est là que se trouvait la graisse fondue du lard.
Bien sûr, chacun s’arrange à sa manière. Certains n’ont renseigné des ajouts de lait, d’oeuf et d’autres encore après avoir roulé des petites boules de pâte, font recuire recuire celle-ci à la manière des « knoudelles » dans l’eau salée, mais ce sont là des variantes récentes venues avec l’élévation du niveau de vie qui a toujours tendance à enrichir exagérément les plats traditionnels et leur faire perdre leurs originalités.
On peut chauffer les groumettes excédentaires dans une poêle pour souper ou encore au petit déjeuner, cette dernière pratique était courante autrefois. ©Marc Dewalque
Après la lecture du courriel, laissons lever la pâte, le temps pour M. Dewalque et nous-mêmes, de taquiner le cochon, tester les cuissons sans négliger la F.D.P.D.Q.F.U.B.R. pour ensuite nous retrouver.
La Fureur de lire, moment festif du projet « Papy Mamy surfeurs » , s’annonce plantureuse !